COP21 : Colossale Opération Pipeau ?

Pompiers pyromanes

La COP21 est organisée sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies et regroupe des Etats « parties » [1] prenantes dans les décisions visant à lutter contre le réchauffement climatique. Autrement dit, les Etats qui ont pris toutes les décisions depuis 150 ans menant au réchauffement climatique et plus généralement à la catastrophe écologique actuelle prétendent être les mieux placés pour décider des solutions aux problèmes qu’ils ont provoqués, voulus et encouragés ! Les pyromanes nous disent qu’ils sont les meilleurs pompiers.

Non, les Etats n’ont strictement aucune légitimité pour proposer des solutions aux enjeux climatiques et écologiques, ni pour décider des solutions à mettre en oeuvre. D’ailleurs, les principales « solutions » mises en oeuvre jusqu’à présent n’étaient en fait que des moyens d’aggraver la catastrophe et de continuer à satisfaire les capitalistes : le marché des « droits à polluer » n’a absolument pas enrayé la production de gaz à effets de serre, ni le rythme de réchauffement. Par contre, certains capitalistes occidentaux se sont bien gavés grâce à ce système inique.

Mais les pyromanes qui nous gouvernent ne s’arrêtent pas là : ils invitent les vendeurs d’allumettes et autres jeteurs d’huile sur le feu ! Le gouvernement français est très fier d’associer à la COP21 des grandes entreprises... dont l’engagement écologique est strictement limité à faire des pubs avec des petites fleurs. Renault-Nissan et ses bagnoles, EDF et ses centrales nucléaires, Air France et ses avions brûleurs de kérozènes... voici quelques-uns des glorieux « partenaires » supposés aider les Etats à lutter contre le réchauffement climatique.

Faire appel aux multinationales dont l’avidité détruit la planète pour trouver une solution aux catastrophes que leur activité causent au quotidien : il faut vraiment être particulièrement tordu et corrompu par le dogme capitaliste, ou suicidaire et pervers, pour avoir une telle idée.

Mépris de la banlieue

L’escroquerie intellectuelle est à tel point dans l’ADN même de la COP, que même la géographie est travestie, massacrée, instrumentalisée.

Ainsi, la conférence se tient au Bourget, au coeur de la Seine-Saint-Denis. Et pourtant, le gouvernement et les média ne parlent que de la conférence de Paris. Le Bourget, ce n’est pas assez « glamour » pour discuter de la manière dont les capitalistes vont se gaver en nous tuant à petit feu et en nous asphyxiant ?

Cette supercherie géographique peut paraître anodine. « Paris, à l’international, ça parle plus que le Bourget », dira-t-on. Ce n’est pas si anodin. Car c’est typique d’une vision du monde néocoloniale, où le « centre » peut systématiquement s’approprier, annexer, rendre invisible, nier la « périphérie ». Les Parisiens et Parisiennens valent manifestement plus, dans l’esprit des dirigeants de ce pays, que les Séquanodyonisiens et Séquanodyonisiennes. La négation et l’invisibilisation de la Seine-Saint-Denis dans ce processus de la COP21 ne sont rien de plus que l’expression tranquille du mépris que le pouvoir ressent pour les habitants et habitants de la Seine-Saint-Denis. C’est bien une insulte qui nous est faite.

Arrêtez donc,journalistes et politiques, de parler de la conférence de Paris. Et commencez à parler de la conférence du Bourget.

Des propositions ? Où ça ?

Enfin, la COP21 est surtout une supercherie car aucune solution n’est recherchée. Allez sur le site officiel de la COP21 et cherchez des propositions concrètes. Nada.

Ah ça, « il faut se mobiliser ». Il faut même « contenir le réchauffement en deça de 2 degrés ». Et pour cela, il faut se mobiliser. Et parvenir à un accord. Un accord sur quoi ? Sur une extension du marché des droits à polluer, cette escroquerie planétaire source de ravages écologiques ? Sur faire les gros yeux aux pauvres qui oublient d’éteindre la lumière en sortant d’une pièce, alors que les bouffons qui vont participer à la COP 21 vont brûler des milliers de tonnes de kérozène pour venir en jet privé se pavaner quelques heures devant les caméras ? Culpabiliser le smicard obligé de rouler dans sa vieille bagnole diesel pour aller à un boulot mal desservi par les transports en commun, alors que les transports de marchandise d’un bout à l’autre de la planète pour mettre les travailleurs et les travailleuses en concurrence sont la principale source de gaz à effets de serre ? Et le pompon, c’est quand le nucléaire, cette énergie mortifère, cette bombe à retardement irresponsable, est envisagée comme un moyen crédible de réduire les émissions de gaz à effet de serre : là, on touche vraiment le fond.

En fait, les politiques se contrefichent de trouver des solutions au réchauffement climatique. Ils veulent afficher un accord de façade pour faire les beaux devant les caméras et se poser en « sauveurs de la planète ». Bref, leur comm’ personnelle et leur carrière passe avant l’avenir de quelques milliards d’êtres humains.

Que faire ?

La catastrophe écologique en cours ne concerne pas que le réchauffement climatique. La pollution de l’air,de l’eau et des sols, la destruction de masse de la biodiversité ou la déforestation sont tout aussi préoccupantes. Cette situation découle du productivisme capitaliste. Tant que les décideurs autoproclamés n’admettront pas l’impérieuse nécessité de rompre immédiatement et complètement avec le système capitaliste et sa logique absurde, la situation ne pourra que s’aggraver.