dimanche 11 janvier 2015, par .
Et puis la gueule de bois.
La rude. Celle que l’on prend au gros rouge qui tache.
Qui vous laisse le matin à quatre pattes dans votre vomi. Proche de l’animal.
Celle qui tente encore de vous faire croire que la fée verte vous veut du bien.
Celle qui tape droit dans la tête, là où ça fait mal.
Celle qui vous prend aux tripes à vous en faire chialer.
Celle qui sent comme une odeur de sapin, de point de non retour.
Oui, la rude.
Au gros rouge qui tache.
Ce n’est pas en fermant sa gueule une minute qu’on rend hommage à ceux morts pour avoir refusé de se taire face aux menaces de barjots.
Ce n’est pas en mettant des centaines de bidasses armés dans la rue qu’on rend hommage au dessinateur de l’adjudant Kronenbourg.
Ce n’est pas avec un deuil national qu’on rend hommage au dessinateur qui fait chier Maurice et Patapon sur le drapeau bleu-blanc-rouge ou à celui qui a récemment illustré l’affiche Ni patrie ni patron d’Alternative libertaire.
Ce n’est pas en manifestant avec le F-haine qu’on rend hommage au journal qui demandait la dissolution du Front national.
Ce n’est pas en sonnant les cloches de Notre-Dame, en organisant des messes et de prières qu’on rend hommage à des anti-cléricaux.
Ce n’est pas en manifestant avec Sarkozy, Valls et Gattaz qu’on rend hommage à Oncle Bernard. Ni en manifestant avec cette enragée de l’austérité d’Angela Merkel ou ce criminel de Netanyahou.
Cette saloperie d’« union sacrée », c’est les tuer une deuxième fois, en effaçant les combats qu’ils ont menés, les valeurs qu’ils défendaient. C’est une insulte à leur mémoire.
Depuis les lâches assassinats au siège de Charlie Hebdo, les Tartuffe qui monopolisent les media nous rabâchent, entre deux larmes de crocodiles, qu’il s’agit de défendre « la liberté d’expression » et la « liberté de la presse ».
Mais où ont-ils vu que l’expression et la presse étaient réellement libres en France ?! Quand ont-ils jamais défendu la liberté d’accès à une information iconoclaste et réellement alternative ?
En France, la presse militante est expulsée des circuits de distribution, par pression financière. Les conditions deviennent si insupportables que, les uns après les autres, les titres militants et engagés jettent l’éponge. Où est la défense de la pluralité et de la liberté d’expression ?
La plupart des media « classiques » sont sous perfusion publicitaire. Ils sont aux ordres des intérêts économiques et financiers qui ont pouvoir de vie et de mort sur les organes de presse. Est-ce que ça inquiète « nos » politiques ?
Ils ne se préoccupent de liberté d’expression que quand ça sert leurs plans de comm’. Il n’y a pas le moindre mot sincère dans ces discours.
Autre leitmotiv, l’appel aux valeurs républicaines. Quelles valeurs ?
Les valeurs républicaines qui traquent, parquent, déportent des milliers de sans-papiers chaque année ? Qui fait de même avec les Roms pourtant citoyens européens ? Qui refusent l’asile aux réfugiés des pays en guerre, y compris les pays où la France a contribué à foutre la merde ?
Les valeurs républicaines qui laissent des centaines de milliers de personnes à la rue ou mal logés ? Celles qui n’appliquent même la loi DALO [1], pourtant une « loi de la République » ?
Les valeurs républicaines qui massacrent le code du travail, donnent tous les droits aux patrons et aux actionnaires, braquent les finances publiques au profit de ces derniers ?
Les valeurs républicaines qui bombardent et tuent des civils en Irak et ailleurs dans le monde ?
De qui se fout-on ? Ces « valeurs », en tout cas, ne sont pas les nôtres.
Injonction est faite à tous les Français et toutes les Françaises d’être unis. C’est un ordre.
Oubliez que vous êtes exploités, soyez unis avec votre patron, les actionnaires, vos exploiteurs : la collaboration de classe est un ordre. Sinon, vous faites le jeu des terroristes.
Oubliez que vous combattez les fascistes et les racistes. Il faut être unis ; avec tout le monde, même les pires ordures. Sinon, vous faites le jeu des terroristes.
Oubliez que les religions sont des absurdités, des monceaux d’insanités sans queue ni tête, que toutes les religions tuent ; oubliez que c’est l’impunité dont bénéficient tous les délires mystico-superstitieux qui au final a conduit aux assassinats. Il faut être unis, même avec les fous de dieu. Sinon, vous faites le jeu des terroristes.
L’« union sacrée » est un terrorisme intellectuel. Ordre nous est donné d’arrêter de penser, de taire tout esprit critique, pour ne plus suivre que les consignes d’« unité » données par le « chef », à qui faut « forcément » obéir « en ces moments difficiles ». Bref, l’antithèse de cet « esprit Charlie Hebdo », qui pourtant, par un renversement réthorique hallucinant, nous est servi comme prétexte de cette union sacrée.
Arrêtez le massacre...
[1] Droit d’accès au logement opposable
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