samedi 30 janvier 2016, par .
Jean-Pierre Levaray est ouvrier dans une usine de produits chimiques. En 2002, il écrit un roman sur les difficiles conditions de son travail, son quotidien, ses collègues…
Cinq ans plus tard il sort, avec le dessinateur Efix, une adaptation de son livre en bande-dessinée. L’association du travail des deux hommes donne une œuvre « coup de poing ».
Le texte de Levaray est noir et rageur, la dureté et la justesse des mots font mouche.
Par ailleurs, des petites pointes d’humour (noir !), de rêve et de poésie jalonnent le récit.
Le dessin d’Efix, avec ces « tronches » proches de la caricature, est un peu déroutant au début.
Et puis finalement on s’y habitue jusqu’à trouver ça très juste.
On voit sur les visages une palette d’émotions très riches.
Son travail sur le noir et blanc est superbe.
Ces hommes sont tantôt des ombres sans vie qui hantent leur usine, tantôt des combattants révoltés et pleins d’énergie.
On s’attache à ces « gueules d’ouvriers », à leur force, à leur faiblesse.
C’est beau, touchant, simple, humain, militant, revanchard, vivant, révoltant, injuste…
Comme dit un vieux dicton castillan qu’on trouve à la fin du livre : « Si le travail était une si bonne chose, les riches se le garderaient pour eux ! »
Putain d’usine, Efix et Jean-Pierre Levary, Petit à Petit, 2008.